DC Central Kitchen, une solution open-source pour lutter contre la faim
DC Central Kitchen : Révolutionner la sécurité alimentaire et l’entreprise sociale
DC Central Kitchen, une longue histoire de lutte contre la faim de multiples manières
DC Central Kitchen (DCCK) est un concept innovant de lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté. Fondée en 1989 par Robert Egger, un ancien gestionnaire de boîte de nuit, DCCK est née de sa frustration face aux approches caritatives traditionnelles de lutte contre la faim et les sans-abri. R. Egger a imaginé une solution plus durable et engageante, créant un modèle d’entreprise sociale unique visant à briser le cycle de la pauvreté.
Contrairement aux soupes populaires classiques, DCCK emploie des diplômés de ses programmes de formation culinaire pour en leur offrant des contrats rémunérés. Cette approche, lancée en 1996, transforme la charité en une opportunité d’autosuffisance. La mission principale de l’organisation est d’utiliser la nourriture comme un outil pour renforcer les corps, responsabiliser les esprits et construire des communautés.
Les entreprises de DCCK incluent la préparation quotidienne de repas pour 30 écoles, la fourniture de produits frais à des épiceries de quartier situées dans des déserts alimentaires, ainsi que la gestion de cafés à service rapide dans tout le District de Columbia. Cette approche multifacette garantit non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi l’accès à des aliments frais abordables, en particulier pour les communautés marginalisées.
Une envie profonde de partager les expériences et les connaissances avec le plus grand nombre possible
La volonté de Robert Egger de diffuser son concept en open source a permis d’inspirer et de soutenir la création de plus de 60 cuisines centrales similaires à travers les États-Unis. En 2001, R. Egger a élargi sa vision avec le projet The Campus Kitchens, en impliquant les étudiants dans la récupération alimentaire et la préparation de repas pour leurs communautés. Ce modèle de réplication sans affiliation directe s’est poursuivi avec L.A. Kitchen à Los Angeles en 2012.
Sous la direction du PDG Mike Curtin, qui a rejoint DCCK en tant que Directeur Général en 2004, l’organisation a continué à évoluer. L’ouverture récente d’un nouveau bâtiment en avril 2023 marque une étape importante dans leur parcours. L’organisation reste concentrée sur la formation culinaire pratique pour les personnes rencontrant des obstacles à l’emploi, la création d’emplois et la distribution de repas nutritifs là où ils sont le plus nécessaires.
Avec la création annuelle de 121 emplois, l’organisation incarne les principes d’un entrepreneuriat éthique. Malgré cette croissance significative, DCCK maintient son attention sur l’impact durable plutôt que sur la quantité et les volumes.
L’engagement de DCCK pour le partage de son concept est central et est profondément ancré dans l’ADN de l’organisation. En effet, malgré les défis liés au temps et aux ressources, DCCK fait du partage de son modèle une priorité. L’entreprise ne facture pas cette transmission de savoir, dans le but de créer équité et opportunités. Les investissements philanthropiques, qui ont augmenté au fil des ans, soutiennent cette diffusion sans laisser peser un fardeau financier à celles et ceux qui cherchent à apprendre de leur expérience.
” Nous croyons que nous avons non seulement la capacité, mais aussi l’obligation de partager ce que nous avons fait, et ce qui n’a pas fonctionné » |
Les principes et le processus open-source de DC Central Kitchen
Partager son concept avec les autres implique une série de questions et de principes auxquels réfléchir. Une chose était claire pour DCCK : l’entreprise sociale ne voulait pas devenir une franchise comme McDonald’s, où chaque lieu se ressemble et propose la même chose.
Bien que Mike Curtin admette qu’il existe une ligne fine entre la propriété intellectuelle et ce que l’on est prêt à laisser partir, il a été décidé que DCCK ne partagerait pas le nom de la marque pour deux raisons :
- Il est impossible pour DCCK de contrôler la qualité de chaque initiative répliquée, d’où le choix d’un modèle sans lien juridique entre DC Central Kitchen et les autres concepts similaires.
- DCCK ne cherche pas à recevoir de crédit pour les initiatives qui émergent de leur modèle, car les réplicateurs s’approprient le concept en l’adaptant aux besoins et contextes spécifiques.
En termes de transfert de savoir-faire, les équipes de DCCK ont travaillé sur un manuel et des supports qui sont partagés avec les chefs de projet. Des conférences régionales sont également organisées pour mettre en lumière les pratiques efficaces, recueillir des retours, etc. A cela s’ajoute des visites de site organisées pour découvrir le fonctionnement sur place. Par le passé, DCCK rendait visite aux personnes intéressées par le concept, mais avec l’augmentation des activités, ces derniers invitent désormais les gens à venir les voir. Pour DCCK, il est important que les gens comprennent l’intentionnalité de leurs actions et pour cela, ils doivent vivre l’expérience, interagir et en être témoins en direct !
« Les gens veulent généralement des réponses faciles et des solutions rapides, mais nous n’en sommes pas encore là. Vous n’allez pas obtenir cela dans un livre, vous devez le voir et l’expérimenter pour le comprendre. » |
Les principaux défis de DC Central Kitchen en matière de diffusion et de gestion des connaissances
Le temps, évidemment ! Partager, répondre aux questions et soutenir les autres prend du temps, et nous devons prendre ce temps car la philosophie derrière DCCK est : « L’invité n’est pas une interruption de votre travail, mais il en est la raison. » (Mike Curtin)
Amélioration continue et adaptation
L’impact de DCCK est continuellement mesuré et ajusté. L’entreprise recueille les retours des visiteurs et des partenaires en intégrant les leçons apprises pour améliorer les opérations. Ce processus itératif garantit que leur mission d’éradiquer la faim par la création d’emplois et l’autonomisation reste au premier plan.
La philosophie de DCCK peu s’apparenter se résumer en un leitmotiv : « progresser sans relâche » car leur développement a été graduel mais constant, démontrant que le changement d’échelle est possible grâce à des efforts cohérents et incrémentaux. Cet état d’esprit encourage les autres (réplicateurs du concept) à commencer petit et à progresser régulièrement pour un avenir meilleur.
Le PDG de DCCK explique que « l’échelle » fonctionne dans les deux sens : une organisation n’a pas toujours besoin de grandir, parfois, une plus petite échelle est la meilleure option !
Le mot de la fin
“ Si davantage de personnes font ce même progrès implacable et incrémental, nous vivrons tous dans un monde meilleur. »
(Mike Curtin)
Pour en savoir plus
🎥 Découvrez DC Central Kitchen en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=trk_Fa2mngk
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Crédit photo Rebecca Hale, National Geographic
Date : 26 septembre 2024