ProBono Lab
Trois jeunes diplômés d’HEC révolutionnent le pro bono en France.
L’aventure démarre par une amitié entre 3 étudiants d’HEC
Emilie Vuillequez, Yoann Kassi-Vivier et Antoine Colonna d’Istria, 3 étudiants d’HEC, se lient d’amitié au cours de leurs études et partagent une forte envie de concevoir ensemble un projet qui a du sens. Yoann fait un stage à la Fondation L’Oréal au cours duquel il découvre le pro bono, cet « engagement volontaire de compétences pour le bien public », qui est alors uniquement connu en France à travers les pratiques naissantes de bénévolat et mécénat de compétences. Après cette découverte, le trio décide de creuser plus en détails les besoins des différents acteurs et réalise une étude pour identifier le potentiel du pro bono en France.
S’en suit un voyage d’immersion aux US
Forts des résultats de l’étude et avec l’ambition de développer cette approche en France, Yoann et Antoine s’envolent pour les Etats-Unis, berceau du pro bono, pour étudier les pratiques qui y sont développées. Yoann rejoint la fondation Taproot qui accepte d’incuber le projet de réplication en France, alors qu’Antoine s’implique dans l’association Points of Light qui gère le réseau HandsOn et plus de 250 centres de bénévolat dans le monde. Taproot Foundation met en œuvre un programme de pro bono impliquant 5 volontaires à raison de 100h sur 6 mois (soit près d’une demi-journée par semaine) alors que Points of Light organise des évènements d’une journée, avec ou sans entreprises, sur des problématiques ne nécessitant pas de compétences spécifiques. Pendant leur séjour aux US, Antoine et Yoann analysent également les pratiques de pro bono de 25 entreprises, ainsi que celles mises en œuvre par des spécialistes comme CreateAthon, Ad Council, Spark, ou encore The Nerdery Overnight Challenge. Avec une vision plus affirmée et une connaissance accrue des enjeux du secteur, les deux étudiants rentrent en France.
Les débuts de Pro Bono Lab
Pour se lancer, en 2011, Pro Bono Lab réalisera surtout des études ce qui permet à l’association d’approfondir la
connaissance du secteur et des besoins, et de faire reconnaître son expertise. Antoine prend une seconde année de césure fin 2011, au moment où l’association embauche un premier salarié et met en place ses projets pilotes pour 2012, ce qui permet à Emilie et Yoann de finir leurs études. En 2013, ce sera Antoine qui terminera ses études alors qu’Emilie et Yoann développent l’association, agrandissent l’équipe et mettent en place la campagne Campus Probono sur les campus de 6 grandes écoles (HEC, ESSEC, ESCP, Sciences-Po Paris, EM Lyon, Grenoble EM). En 2013 aussi, Pro Bono Lab crée une antenne en Rhônes-Alpes à Lyon et Grenoble, grâce à un financement de France Active et à la motivation de Nicolas, un entrepreneur en herbe local.
Quel essaimage des pratiques américaines ?
Les pratiques développées aux US ont été une formidable source d’inspiration pour les trois entrepreneurs sociaux et leur ont donné les bases pour l’adaptation des approches : Pro Bono Lab a encore des contacts avec les structures américaines, mais a développé son propre modèle pour répondre aux besoins spécifiques des acteurs en France. Par exemple la méthodologie de diagnostic des besoins des associations est issue d’un savant mélange de méthodes de diagnostic venues des US (Save, National Resource Centre) et de France (Le Rameau, dispositif DLA). Le résultat est un diagnostic efficace et rapide repris actuellement par d’autres structures en France.
Les trois fondateurs élaborent une méthodologie qui leur semble la plus appropriée au contexte français : un « pro bono de compétences sur une journée », une fusion des approches de Taproot et de Points of Light… La méthode Pro Bono Lab !’
Une autre pratique inspirée des US mais revue pour le contexte français est le « Marathon », un bénévolat de compétences collectif sur une journée, pour aider plusieurs associations sur des problématiques diverses (ressources humaines, questions financières, modèle économique…). Ce Marathon, financé par des entreprises, peut être réalisé par les salariés de l’entreprise partenaire (ex. Accenture, Société Générale) et/ou par des bénévoles du territoire (ex. Monoprix). Et à la différence du modèle américain de Points of Light, il mobilise les compétences des participants.
Enfin pour répondre aux besoins dans la durée des associations avec un appui plus long terme tel que celui fourni par Taproot, Pro Bono Lab commence à développer une nouvelle formule de conseil de 50h sur 3 mois. Ceci est deux fois moins long qu’aux US, car les associations ciblées par Pro Bono Lab sont petites et moyennes (minimum 2 ETP pas nécessairement salariés), alors que celles visées par Taproot étaient plus grosses (minimum 10 ETP).
L’impact de Pro Bono Lab
Depuis le lancement de Pro Bono Lab, plus 12 000 heures de pro bono ont été réalisées, au profit de 80 associations (ex. La Ressourcerie, 100 000 rencontres, Cancer@work, La Fonda…), soit en incluant les diagnostics, plus d’un million d’euros de services gratuits fournis aux structures de l’économie sociale en France !
Les perspectives de Pro Bono Lab
Toujours dans l’innovation, Pro Bono Lab conçoit de nouvelles approches pour répondre aux besoins des associations en développant des « Campus Pro bono » et en transmettant la méthodologie aux entreprises partenaires pour qu’elles s’engagent dans une dynamique d’accompagnement sur le plus long terme.
Par ailleurs, Pro Bono Lab échange et crée des partenariats à l’international : en Europe, avec des acteurs allemands et hollandais du secteur pour construire des indicateurs d’impact communs, et au niveau mondial avec la création de la Pro Bono Week (semaine mondiale du pro bono en octobre, voire probonoweek.org). Dans un souci de partage et d’inspiration des acteurs du pro bono – incluant même les pionniers -, l’association a présenté son modèle aux Etats-Unis ainsi qu’en Chine.
La vision de Pro Bono Lab est une dissémination open-source pour que chacun puisse initier sa dynamique, ajuster la méthodologie en fonction de son contexte et surtout stimuler l’engagement solidaire des compétences pour répondre aux besoins de son territoire !
Quelques conseils d’Antoine pour des entrepreneurs qui souhaitent s’inspirer de l’international ?
- S’entourer, mobiliser et fédérer une équipe autour d’un projet partagé
- Analyser le secteur avant de partir : faire un état des lieux détaillé, comprendre les enjeux et étudier les besoins => cette analyse approfondie permet d’éviter de découvrir en rentrant que l’idée existe déjà !
- Se présenter aux acteurs en France pour choisir une pratique qui soit complémentaire à ce qu’ils mettent en œuvre => Rencontrer les acteurs en amont permet de ne pas arriver avec une solution toute faite, mais de les mobiliser et co-construire avec eux, afin d’arriver à créer une chaîne de valeur partagée au sein du secteur.